Mali : Honni soit qui Mali panse mal !


Rédigé le Samedi 14 Décembre 2019 à 22:10 | Lu 1438 commentaire(s)


« L’Histoire, c’est comme une énorme décharge d’objets variés et de résidus mêlés, de laquelle échapperont, malgré toutes les mesures d’obstruction, des sujets divers et des odeurs distinctes en temps et en lieu. »

D’où vient donc cette toute-puissante arrogance française, en lieu et place de la reconnaissance, à l’égard de ceux qui l’ont aidée à se faire et qui la fortifient encore aujourd’hui ?

Les Maliennes et Maliens ne sont tout de même pas des veaux !



 
Du Djoliba[1]  à la Seine, d’énormes doutes s’élèvent et épaississent quant à la qualité des relations bilatérales entre Le Mali et la France.
 
Sur les deux rives de chacun des deux fleuves vivent et travaillent des dizaines de milliers de binationaux, d’aucuns s’estimant obligés de prendre le risque d’effectuer un des choix faciles, entre suprémacistes, va-t-en-guerre et indifférents.
Ces trieurs à fleur de peau sont certains que « le pire risque, c’est celui de ne pas en prendre »[2] , tant que c’est ailleurs que cela se passe, de façon expérimentale chez les autres peuples, dans les nations où l’on peut toujours triompher sans péril ni gloire !
 
 
Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse !
 
Depuis plus de six années, le Mali (état, autorité et symboles) est absent sur une bonne partie de son propre territoire national.
 
Dans ce vaste enclos de près de la moitié du pays, des groupuscules armés, les fusils en bandoulière, font "la pluie et le beau temps" et foulent au pied le drapeau du Mali, en présence, voire avec la bénédiction, de forces armées étrangères qui devraient aider le pays de Modibo KEITA à recouvrer son intégrité territoriale.
 
Mais, non seulement le Mali est privé de son territoire et de sa souveraineté, mais aussi ses populations, civiles et militaires, meurent quotidiennement sous les attaques armées d’agresseurs indéterminés et invisibles, toujours sans la moindre assistance des forces armées étrangères pourtant missionnées en ce lieu pour appuyer à instaurer l’autorité du Mali sur son territoire national.
 
Divers accords sont pendants, avec une visée plus ou moins masquée et exposant le Mali à devoir prochainement renier sa constitution en vigueur, saper définitivement le fondement de sa nation et renoncer à d’immenses étendues de son territoire.
 
Il y aurait un accord de défense liant le Mali et la France, dont le contenu, la portée et l’impact ne sont, à l’évidence, pas pour rassurer les Maliennes et les Maliens.
 
Alors, le doute, mauvaise conseillère dans les circonstances où les communications en direction des peuples sont quasi-inexistantes, s’est invité depuis plus de six années d’absence du Mali dans sa moitié territoriale nationale. 
 
Aujourd’hui, on peut savoir. On doit exiger de savoir, quel qu’en soit le prix à acquitter nous devons absolument connaître, ce que coûte concrètement et quotidiennement à l’Afrique et au Mali de "relayer" la France, sa langue, ses instincts et réactions !
 
« Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,

Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.

Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.


Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »[3]  


 
Les populations du monde, particulièrement en Afrique et au Mali, avaient foi en la culture et aux valeurs de la France.
 
Qu’ont-elles donc à gagner, les populations d’Afrique et singulièrement du Mali, d’être francophones et francophiles, si ce n’est mépris, déconsidération et humiliation à la pelle ?
 
 
Imaginez !
 
Imaginons un pays, comme la Russie ou la Chine, éloigné géographiquement de la France et disposant d’un certain arsenal de guerre à expérimenter, pour asseoir une relative puissance militaire.
 
Imaginons que ce pays, éloigné géographiquement de la France et équipé militairement, ait décidé de vouer son arsenal de guerre, sous le couvert du "droit des peuples à disposer d’eux-mêmes", aux causes des Basques de la France ou des Corses sur leurs Îles contre la France.
 
Imaginons la Russie ou la Chine, engagée à soutenir quelque lointain département français, par exemple Mayotte, dans sa lutte plus que légitime de s’affranchir de l’annexion française violant la résolution 376 de l’ONU.
Imaginons la France pilonnée, en conséquence, par la Russie ou la Chine, pour l’obliger à respecter la résolution 376 du Conseil de sécurité de l’ONU de 1975 suivie, depuis 1990, d’une vingtaine d'autres "non-contraignantes" (? !) de l’Assemblée générale des Nations unies.
 
Et bien, ce que vous n’imaginez pas, que nous n’avons pas imaginé, c’est cela que les présidents de la France, de SARKOZY à MACRON pour ne parler que de nos contemporains, ont fait faire à l’état souverain du Mali au nom du peuple français et de ses intérêts suprêmes !
 
Imaginez la France, occupée en 6 semaines par les troupes d’Hitler, sans l’aide des Tirailleurs sénégalais, massivement originaires des actuels Burkina Faso, Mali et Niger, trois pays du G5 Sahel.
 
Imaginez la France, il y a 71 ans, sans l’appui des USA, sans la résistance héroïque de l’URSS, sans la bienveillance territoriale de la Grande Bretagne.
 
Cette France que vous n’imaginez pas, que nous n’imaginons pas, ne serait pas aux côtés des gagnants.
La France ne serait pas donc membre du Conseil de sécurité de l’ONU.
Elle serait un pays peut être libéré mais sans honneur, un état abaissé et humilié dans le concert des nations par "les vainqueurs" de la guerre.
 
Déjà, en 1945, lors de son procès, Philippe Pétain, Maréchal de France, questionnait les français : « Que seriez-vous devenus sans moi ? Pendant que le général de Gaulle, hors de nos frontières, poursuivait la lutte, j’ai préparé les voies à la libération en conservant une France douloureuse, mais vivante. »
 
Alors, pourquoi tant d’arrogance à l’endroit des pays, comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger qui ont donné hommes, vivres et ressources durant les guerres de la France et qui continuent de contribuer pour que la France soit ?
 
C’est cela que François HOLLANDE, président, a rappelé à Gao (au Mali) en 2013 : « le devoir de reconnaissance de la France » et « la dette de sang à payer au Mali et à son peuple. »
 
D’où vient donc cette toute-puissante arrogance française, en lieu et place de la reconnaissance, à l’égard de ceux qui l’ont aidée à se faire et qui la fortifient encore aujourd’hui ?
 
 
Les Maliennes et Maliens ne sont tout de même pas des veaux !
 
 
« L’Histoire, c’est comme une énorme décharge d’objets variés et de résidus mêlés, de laquelle échapperont, malgré toutes les mesures d’obstruction, des sujets divers et des odeurs distinctes en temps et en lieu. »[4]
 
 
Aux dignes et résistants peuples du Mali et de la France, le FNC souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année !
 
À toutes et à tous, le FNC présente ses vœux de belle et heureuse année 2020, pour un monde égal en dignité humaine et en respectabilité qu’elle que soit la rive !
 
 
 
[1]  L’appellation nationale du fleuve Niger au Mali.

[2]  Selon une formule consacrée d’un président décomplexé de la France.

[3]  In "Les animaux malades de la Peste" (Fables, 1678-1679), Jean de La Fontaine.
 
[4]  Sagesse populaire du Mandé à la gloire des fondateurs de l’empire du Mali au 13ème siècle.