Les coupables ont un nom. L’Histoire a ses juges !


Rédigé le Samedi 26 Avril 2014 à 12:05 | Lu 1086 commentaire(s)


Que les classes politiques en Europe et en France fassent fonctionner un régime d’économie libérale, dans un contexte dans lequel les citoyens ne veulent pas d’un système à la Staline, est une chose.

Mais qu’un petit nombre de politiques se soit accoquiné avec des propriétaires de banques, de groupes industriels et de spéculateurs pour permettre (en catimini) à ces derniers de mettre le pays en coupe réglée (et pour le faire « avaler » aux électeurs), en est une autre.

C’est pourtant ce qui a été fait, en France et ailleurs en Europe.


Goebbels (puissant manipulateur des masses sous le 3ème Reich d’Hitler) disait : « Plus le mensonge est gros, plus il marche. Plus on le répète, plus le peuple y croit ! »

En France, on peut aisément, année après année, mettre des noms sur ces individus qui ont trahi la confiance que les citoyens ont mise en eux en croyant naïvement qu’une fois élus, les individus en question s’occuperaient de l’intérêt général et de l’avenir de la Nation.

On peut à cette occasion retrouver également les techniques qui ont été utilisées, et qui ont été camouflées derrière des argumentaires imaginés et entretenus par des individus (appartenant aux mêmes cercles) présentés comme « compétents » ou « spécialistes. »

Le mensonge, son énormité et sa répétition !

C’est ce qui s’est construit durant quelques décennies au Mali également, avec encore plus de zèle et inhumanité depuis le début du quinquennat en cours !

Comment, par qui, à quelle occasion, l’opinion publique sera-t-elle réveillée sur les réalités, d’une manière telle qu’elle ressente le besoin du changement ?
Et pour qu’elle l’impose autour d’un ou plusieurs « catalyseurs » qui pourront alors lancer et encadrer le mouvement.


Professeur Marcel MONIN - Docteur d’État en Droit, Consultant
Professeur Marcel MONIN - Docteur d’État en Droit, Consultant

Les coupables ont un nom. L’Histoire a ses juges !


                                                               (*)[1]
 
Que les classes politiques en Europe et en France fassent fonctionner un régime d’économie libérale, dans un  contexte dans lequel les citoyens ne veulent pas d’un système à la Staline, est une chose.
Mais qu’un petit nombre de politiques se soit accoquiné (*) avec des propriétaires de banques, de groupes industriels et de spéculateurs pour permettre (en catimini) à ces derniers de mettre le pays en coupe réglée (et pour le faire « avaler » aux  électeurs), en est une autre.
 
C’est pourtant ce qui a été fait.

En France, on peut aisément, année après année, (il suffit de recenser les décisions et de reprendre le contenu des discours) mettre des noms sur ces individus qui ont trahi (*) la confiance que les citoyens ont mise en eux en croyant naïvement qu’une fois élus,  les individus en question s’occuperaient de l’intérêt général et de l’avenir de la Nation.

On peut à cette occasion retrouver également les techniques qui ont été utilisées, et qui ont été camouflées derrière des argumentaires (qui peuvent être recensés eux aussi) imaginés et entretenus par des individus (appartenant aux mêmes cercles) présentés comme « compétents » ou « spécialistes. »[2]
 

Résumons !

Sans qu’il y ait besoin d’entrer dans le détail, on peut résumer comme suit la mécanique que les politiques (à tout le moins le noyau intelligent et actif qui entraîne la masse des sans grade de la profession, lesquels suivent … sous peine de mettre en danger leur carrière de salarié de la politique) ont fait le choix délibéré de mettre en place :

1/  l’État et les collectivités publiques sont obligés de se financer par des prêts auprès des banques privées (et des marchés financiers). Cette décision engendre deux conséquences :

a) les prêts permettent le paiement d’intérêts  aux préteurs (et non à la banque centrale) ; les contribuables deviennent les débiteurs des banques privées sans l’avoir demandé, et ce jusqu’à la fin des temps puisque les besoins de financement et les charges du remboursement du prêt s’entretiennent d’année en année ;
b) la menace de faire varier le taux de l’argent prêté permet aux banquiers (en fonction de leurs autres activités spéculatives) d’exiger ce qu’ils veulent de l’État emprunteur. Notamment que l’État leur abandonne la gestion de ce qui était les services publics, pour en faire des sources nouvelles et supplémentaires de profits.

2/ L’État (un territoire gouverné par un gouvernement contrôlé par la population), est remplacé par une zone de non droit sur laquelle ce qu’on continue à appeler le « gouvernement » (qui n’a alors pas plus de « pouvoir » qu’un pool dactylographique) laisse agir et spéculer librement ceux qui y ont intérêt.
 
Pour ce faire, le noyau d’hommes politiques en question (qui ont pris une carte dans des partis différents - UMP, PS principalement) a joué sur les techniques connues de  manipulation de l’opinion (couronnées par les élections gagnées sur la base de stimuli qu’on sait « vendeurs », après quoi les citoyens laissent faire) et sur diverses réalités sociologiques et pesanteurs (par ex. parlementaires qui suivent, ;  responsabilité politique du gouvernement qui n’est jamais mise en œuvre pour sanctionner l’incompétence de ses membres, etc…).
 
Ces individus, pour que les citoyens ne puissent plus utiliser leur bulletin de vote pour stopper la course de la machine, ont mis le cœur du dispositif dans des « traités ». Dont la mise en œuvre et le fonctionnement échappent, comme on le sait,   totalement auxdits citoyens. (Ce qui fait que le bulletin de vote ne sert plus à grand’ chose sur le fond).
 
Cela fait, les mêmes hommes politiques, ou les successeurs des initiateurs, déclarent aux citoyens qu’ils ne « peuvent » pas bouger, par exemple parce que tel traité ne le permet pas.[3]  Ou bien qu’ils ne veulent pas bouger. Et ce, disent-ils, dans l’intérêt des citoyens eux-mêmes pour éviter à ces derniers les pires malheurs. Malheurs choisis dans le répertoire de ce qui fait habituellement peur (chômage, hausse des prix, effondrement de l’économie, de la monnaie, disparition des capitaux,  … guerre). La terreur engendrée par ces pseudo prédictions annihilant (c’est fait pour) le sens critique des citoyens, les personnages politiques en question peuvent se dispenser de démontrer quoi que ce soit. Et font oublier leur implication dans le fonctionnement d’une incroyable et gigantesque … « escroquerie. (*) »[4]
 
Autrement dit, il existe dans chaque pays, des hommes politiques qui ont choisi de se comporter en véritables imposteurs (*), et d’autres qui ont choisi de perpétuer la forfaiture (*).
 

Quid de l’Afrique ?

S’agissant de l’Afrique, ce sont les mêmes constatations qui peuvent être faites.
 
En Afrique, les États vivent avec des prêts. Ces États subissent donc en contrepartie le contenu des plans d’ajustement structurels (qui est un copier-coller des exigences universelles des représentants des marchés financiers). Derrière lesquels on trouve les mêmes intérêts quand il ne s’agit pas des mêmes individus.

En  analysant les agissements et les décisions de la classe dirigeante, en analysant les discours des noyaux dirigeants des pays (spécialement avant ou après les élections) on découvre la même imposture (*). Et l’on peut identifier les acteurs qui jouent en réalité la même pièce. Avec les mêmes méthodes de diffusion des argumentaires et les mêmes genres de réseaux d’individus trempant dans les compromissions.
 
La mécanique mise en place par la classe politique dans les pays développés a permis à une minorité de s’enrichir (ce qui n’est pas un mal en soi). Dans des proportions qui n’auraient pas parues croyables il y a une trentaine d’année. Mais, mécanique qui a également conduit (c’est l’effet et l’objet de la mécanique en question) à l’appauvrissement (qui n’aurait paru ni possible ni acceptable il y a trente ans) de larges couches de la population.
 
Mais en Afrique, c’est pire. Parce que les politiques font fonctionner à peu près la même mécanique, alors que de larges couches de la population étaient pauvres et n’ont jamais été autres que pauvres. Très pauvres. Parce que les politiques ne leur donnent aucun espoir, dans le cadre d’une ou de plusieurs vies d’hommes, d’avoir le minimum décent que les Européens ont atteint (avant qu’il ne diminue).
 
Alors que selon les canons d’une société libérale normale, tout le monde doit pouvoir s’enrichir et chacun a droit au bonheur.[5]
 
Non contents de faciliter le fonctionnement de ces mécaniques qui broient les pays, qui sacrifient des couches entières de la population, certains dirigeants africains ont choisi, sans penser très loin et pour couronner le tout même quand ils n’y étaient pas contraints et avaient une marge de manœuvre, de priver les populations les plus démunies de quelques chances d’avoir une parcelle d’espoir : - retrait de l’État de l’agriculture (alors que la spéculation sur les denrées agricoles tue), - vente de terres aux étrangers ; - retrait de l’État de l’enseignement (alors que l’enseignement public gratuit est la seule technique pour donner une -petite- chance à ceux qui ne peuvent pas en avoir avec l’enseignement payant ) ; - abandon à d’autres que l’État de l’alimentation, la santé, l’éducation  ; - passivité dans la mise en œuvre des procédures qui permettraient  d’éradiquer la corruption qui conduit les dirigeants (et leurs entourages) à sacrifier l’intérêt de leurs concitoyens pour pouvoir s’enrichir personnellement.[6]
 
Ce qui vient d’être dit est banal. Et a déjà été étudié, publié et dit, par de savants économistes, des membres éminents d’organisations internationales, des hommes politiques de tous bords de « droite » comme de « gauche » connus, et respectés parce qu’ils « ne touchent pas », des banquiers et des hommes d’affaires et tous horizons et nationalités, milliardaires compris, des magistrats , …) qui ne sont pas forcément d’accord sur tout. Mais qui sont d’accord sur l’existence matérielle des faits.  

Et constatent tous que certains politiques ont abusé (*) les citoyens en faisant vivre ces derniers dans une société qu’ils ont transformée en société (même si on n’ose pas se l’avouer et encore moins le dire)  « ploutocratique ».
 

Alors beaucoup se demandent : « que faire ? »

On ne saurait ici donner des conseils. On peut seulement avancer de prudentes  hypothèses, sur les paramètres « logiques » d’un changement compte tenu des données du moment.
 
S’en prendre aux banquiers, aux dirigeants des grands groupes, et de manière générale aux spéculateurs, ne sert à rien. D’ailleurs ces derniers ont fait leur travail qui est d’imaginer comment gagner de l’argent et dans quelles poches le prendre.
Et puis, il serait vain de croire que les sociétés pourraient vivre sans banques ni entrepreneurs, que les hommes pourraient vivre sans femmes, et que les êtres humains tous sexes confondus accepteraient de mourir sans croire à la vie éternelle.
 
Ce ne sont pas les banquiers, pas les dirigeants des grands groupes, pas les spéculateurs qui ont imposé leurs intérêts.

Ce sont les hommes politiques.

Parce que ceux-ci ont dit « oui » à ceux-là.
Parce qu’ils ont dit « oui »  alors que leur acceptation n’était même pas nécessaire aux précédents.
Parce qu’ils ont dit « oui » alors même que de cette  acceptation, devaient découler de lourdes et iniques conséquences pour les citoyens et pour la Nation.
 
La question à l’ordre du jour pour la réformation des règles du jeu, est donc de savoir comment se débarrasser des individus (individus parfaitement identifiables et dont les noms sont connus) qui ont commis et entretiennent la « forfaiture » (*) à laquelle nous avons déjà fait allusion.
Et comment, une fois écartés de toute responsabilité publique, ces personnes rendront des comptes à la Nation.
 

Et, évidemment !

Comment, par qui, à quelle occasion,  l’opinion publique sera-t-elle réveillée sur les réalités,  d’une manière telle qu’elle ressente le besoin du changement ? Et pour qu’elle l’impose[7] autour d’un ou plusieurs « catalyseurs » qui pourront alors lancer et encadrer le mouvement.
 
Car sans mouvement de fond permettant de rééquilibrer le rapport de forces, on ne voit guère comment la société parviendra à sa réformation.

Parce que le système ploutocratique mis en place par quelques individus, a engendré la constitution de vastes réseaux d’intérêts, dans lesquels beaucoup de monde, y compris des hauts fonctionnaires (suivant l’exemple des politiques et avec la bienveillance de ces derniers) ont réussi à substituer le principe du conflit d’intérêt à la règle du désintéressement.  
 

C’est dire que la réformation nécessitera probablement un rejet très brutal par eux des conceptions auxquelles les citoyens ont été soumis.  Et comprendra l’élimination sans concession de nombreux individus du champ de la politique.
Mouvement dont l’ampleur, si le changement se fait, sera de la taille de la Révolution de 1789 (pour la France) ou des mouvements de libération (dans certains pays du tiers monde).

Avec le risque, si les politiciens dont s’agit résistent par la force en utilisant à leur profit privé la police ou l’armée de la Nation, que la résistance de ces derniers entraîne les conséquences habituelles en pareil cas : le sang qui répond au sang.
 

Ce qu’on veut ne pas souhaiter. Même si après coup, l’histoire peut y trouver une « justification ».
Sans pour autant, et quoi qu’il arrive, que la même histoire trouve des circonstances atténuantes en faveur des politiciens en question. Car dans ce « métier », plus que dans beaucoup d’autres, on est libre de pouvoir dire « non ».



Professeur Marcel MONIN

Docteur d’État en Droit.
 
Maître de conférences honoraires des universités,
 
Anciennement Chargé des relations de son Université avec les universités d’Afrique.
 
Auteur d’ouvrages de droit constitutionnel et de droit administratif.
 
Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques.
 
Consultant.
 


 


[1] Pour la rédaction des lignes qui suivent nous avons recherché des mots « violents » (le titre est lui aussi assez abrupt). Et les avons utilisés sciemment, contrairement aux usages de la bienséance rédactionnelle propre aux universitaires. Parce qu’ils nous semblaient faciliter la prise de conscience de la violence (camouflée) de certaines situations de fait. Lesquelles peuvent, à raison précisément de cette nature, déclencher en réaction  (c’est l’objet de notre réflexion prospective), une « réformation » de nos sociétés.  Si les termes utilisés (« forfaiture », « escroquerie »,  « trahison » et autres) « secouent » le lecteur …  tant mieux, c’est fait pour cela. Étant entendu que ces termes sont toutefois et en tout état de cause, utilisés dans leur signification habituelle.  
 
[2] Comme certains universitaires, qui tirant argument de leur statut de fonctionnaires dans les sphères académiques du savoir et de la recherche (ou de leur auto proclamation comme « spécialiste »), fabriquent (ou répètent pour les moins doués) théories et argumentaires qui vont dans le même sens.  Les exposent dans les médias, les développent dans les think tanks, les colloques grassement financés et autres manifestations, et là où on les fait entrer ou là où ils se faufilent. Et aident les politiques qu’ils « conseillent » à trouver les mots efficaces quand ces derniers s’adressent à l’opinion publique. Là encore, il est facile de faire la liste de ces « seconds couteaux » qui emplissent les têtes de leurs concitoyens de théories qu’ils appuient sur des faits qu’ils choisissent à cet effet (en occultant ceux qui vont à l’encontre du résultat escompté). Pour que ces mêmes citoyens, à force d’entendre la même mélodie (v. la note 3 ci-dessous), perdent leur sens critique, consentent rétroactivement à ce qui leur a été infligé, voire … en redemandent.
 
[3] Affirmer que telle chose est « impossible » à faire ou à changer fait partie des techniques de manipulation.
 
[4] Qui figure dans la déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776 des États-Unis d’Amérique : « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur ».
Droit au bonheur qui pourrait être confronté au concept de « compétitivité » et aux composantes de certains indices économiques.
 
[5] «  Plus le mensonge est gros, plus il marche. Plus on le répète, plus le peuple y croit ».  Goebbels (qui était doué pour manipuler de l’opinion)
 
[6] Il est vrai que si dans certains pays, la corruption était (en dehors des discours incantatoires sans cesse renouvelés … pour le lendemain puis pour l’avenir) poursuivie et sanctionnée (y compris avec confiscation des biens mal acquis), et … sans égard pour l’amour propre des chefs de familles maffieuses, l’opération pourrait faire penser (mutatis mutandis), à une sorte de … génocide.

[7] Nous ne prétendons pas que la réformation d’une société, à un moment donné, a des effets définitifs. Les effets d’un changement (révolution, changement des règles constitutionnelles, …) sont en général (pour ne pas dire toujours) provisoires. Après une période vertueuse, les (mauvaises) habitudes reprennent. Parce que les êtres humains sont ce qu’ils sont, avec leurs besoins et leurs appétits. Parce que la première loi de la vie est la loi du plus fort. Et que la loi du plus fort n’est pas la meilleure pour ceux qui ne le sont pas devenus.