Il a choisi, il a osé : il a dit NON !


Rédigé le Lundi 28 Avril 2014 à 10:45 | Lu 1032 commentaire(s)


On ne le dit jamais assez, le groupe peut être rassurant mais il est aussi tyrannique quand il impose qu’il n’y a point de salut pour l’individu en dehors de lui, que les règles qui le régissent sont immuables et inviolables, sous peine de rejet souvent violent, destiné à marquer les esprits et dissuader les veaux qui auraient l’idée saugrenue de dresser leur tête au-dessus du troupeau.

La tradition, le sempiternel « ah chez nous c’est comme ça dè », la résistance au changement qui étouffent nos jeunes et les poussent à émigrer pour échapper à la pression familiale et sociale.

Rappelons que les totalitarismes du vingtième siècle ont cherché à détruire l’individu. « Le sacrifice de l’existence individuelle est nécessaire pour assurer la conservation de la race » écrivait Hitler dans « Mein Kampf ».

En juillet 2012, parce qu’il vivait non marié, un couple a été lapidé à Gao par des Islamistes intégristes. Bouc émissaire de la société totalitaire du moment, ce couple victime d’un horrible fait divers a accéléré, malgré lui, le déclenchement de l’opération Serval, grâce notamment à l’émotion suscitée qui a été instrumentalisée par les militaires français.

Oumar Tatam LY a dit « NON » !
Aujourd’hui, dans le contexte sociopolitique malien, quel camouflet cette démission, mais aussi quelle aubaine pour détourner l’attention des vraies questions !

Comment comprendre cette violence frôlant la haine, déchaînée contre un Premier Ministre démissionnaire qui a osé dire « non » au Chef, osé remettre publiquement en cause le choix du « père », qui a osé enfreindre les codes sociaux, aussi « amoraux » soient-ils, lui que l’on qualifie soudainement d’Étranger ?


Il a choisi, il a osé : il a dit NON !

Il a choisi, il a osé : il a dit NON !

Ex Premier Ministre malien et journalistes français, boucs émissaires d’un pays en crise, d’un Président acculé, ou des deux ?

Eculée, la stratégie du bouc émissaire, cette arme primitive, est toujours aussi efficace, d’autant qu’elle est amplifiée par les nouvelles technologies.
Comment comprendre cette violence frôlant la haine, déchaînée contre un Premier Ministre démissionnaire qui a osé dire « non » au Chef, osé remettre publiquement en cause le choix du « père », qui a osé enfreindre les codes sociaux, aussi « amoraux » soient-ils, lui que l’on qualifie soudainement d’Etranger ?
Comme l’a écrit un journaliste quelque part, qui décerne le label «  Malien », sur quels critères ? A peine si on ne rend pas ce « soudain étranger » chez lui responsable de tous les maux du Mali, depuis son accession à l’indépendance !

Toutes ces informations qui déferlent sur nous en ce moment n’ont pas pour objectif de nous éclairer sur les actions et les fréquentations d’un alors simple citoyen malien. Non, elles ont pour but d’abattre le Mali en s’attaquant à un seul Homme, car, c’est bien connu, il est le Mali à lui tout seul, enfin pas exactement tout seul, puisqu’il le partage avec son Klan.

Rejetons la faute sur les autres car c’est toujours de la faute des autres, de l’Etranger.
Cet Etranger que l’on a « pariarisé », excommunié, exilé, brûlé, gazé, « macheté », que l’on indexe encore aujourd’hui dans les pays dits démocratiques avant de le « chartériser », pour justifier l’incapacité des pouvoirs en place à juguler les crises.

Une famille roumaine qui cristallise les ambitions d’un Premier Ministre français, né espagnol, est renvoyée « roulotter » chez elle, symbole stigmatisé d’une communauté nomade.
Vous pensez que cet homme est qualifié pour défendre les droits des hommes dans le pays supposé des droits de l’homme ?
Vous pensez que le Président d’un pays qui nomme un tel Premier Ministre est venu vous sauver, vous, par bonté d’âme ? Vous pensez que le Président d’un pays qui fait de la diplomatie « économique » son alpha et son omega ira défendre des valeurs autres que sonnantes et trébuchantes ?
Car, aujourd’hui, Ambassadeur = VRP. Futurs diplomates, soignez votre CV en intégrant une Ecole de Commerce !

Et pour montrer que la nature humaine reste la même sous tous les cieux, chez nous, en Afrique, cet étranger installé chez ses frères africains depuis tant de générations, au gré  des crises, se révèle soudain « étranger à l’ivoirité », musulman indésirable en Centrafrique, Congolais d’une rive renvoyé à sa rive d’origine.

Et dire que notre Président rentre à peine de la commémoration du 20ème anniversaire du génocide rwandais…
 
 
Le bouc émissaire, catalyseur de la violence des sociétés

Oumar Tatam LY a dit « NON » à ceux qui pensent que tout le monde partage le même désir: utiliser le pouvoir à son avantage exclusif. Parce qu’il était au service du Mali et non de ceux qui pensent que le Mali est à leur service, sa singularité, sa différence, l’ont « tué ».

On ne le dit jamais assez, le groupe peut être rassurant mais il est aussi tyrannique quand il impose qu’il n’y a point de salut pour l’individu en dehors de lui, que les règles qui le régissent sont immuables et inviolables, sous peine de rejet souvent violent, destiné à marquer les esprits et dissuader les veaux qui auraient l’idée saugrenue de dresser leur tête au-dessus du troupeau.

La tradition, le sempiternel « ah chez nous c’est comme ça dè », la résistance au changement qui étouffent nos jeunes et les poussent à émigrer pour échapper à la pression familiale et sociale.

Rappelons que les totalitarismes du vingtième siècle ont cherché à détruire l’individu. « Le sacrifice de l’existence individuelle est nécessaire pour assurer la conservation de la race » écrivait Hitler dans « Mein Kampf ».

En juillet 2012, parce qu’il vivait non marié, un couple a été lapidé à Gao par des Islamistes intégristes. Bouc émissaire de la société totalitaire du moment, ce couple victime d’un horrible fait divers a accéléré, malgré lui, le déclenchement de l’opération Serval, grâce notamment à l’émotion suscitée qui a été instrumentalisée par les militaires français.

« Papa Hollande au Mali » de Nicolas BEAU[1] :

Page 12 : « L’horreur de ce fait divers a justifié dans les antichambres ministérielles et sur les plateaux de télévision la croisade de l’armée française. La propagande gouvernementale a joué habilement sur le cauchemar que constituerait la création imminente, au cœur de l’Afrique, d’un Etat multipliant de tels agissements. Contrairement à l’intervention en Syrie (100 000 morts et 1 400 gazés tout de même) qui a donné lieu à une saine polémique, personne dans les rangs médiatiques pour s’interroger sur la pertinence de l’analyse des militaires français sur le Mali et sur les intentions cachées du pouvoir français. ».

Page 16 : « L’opération Serval s’inscrit clairement dans la filiation des 48 opérations militaires menées par la France en Afrique depuis les années des indépendances. La mise en scène de ces interventions, plus sophistiquées que ne l’était celle des expéditions coloniales, est décrite par l’universitaire Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou[2]. Le scénario se découpe en cinq séquences :

  • Dans un premier temps, d’habiles communicants préparent les esprits à une intervention armée grâce à une campagne contre la « soudaine dangerosité » d’un régime, d’un homme ou d’un groupe ». On oublie un peu trop facilement aujourd’hui qu’au Mali, les « aqmistes » ont envahi le Nord grâce au soutien que le pouvoir français d’alors a apporté au MNLA. Hier, ils n’ont pas vu les « terroristes » derrière le MNLA de l’époque, aujourd’hui ils veulent la partition du Mali au profit du MNLA et demain, que feront ils du Mali si nous ne prenons pas en main notre pays ? Leur incapacité à anticiper les conséquences de leurs actes à moyen terme est criminelle. En janvier 2011, on pouvait lire dans un article du numéro 149 de la revue française Défense (janvier-février 2011) consacré au Sahel, que « les combattants d’Aqmi sont peu nombreux, moins de trois cents dans la bande sahélo-saharienne et n’ont jamais constitué une levée significative de volontaires provenant d’autres Etats sahariens ou sahéliens »…  « Il s’agit donc d’une menace très régionalisée, sans grande portée, essentiellement de nature criminelle de droit commun. En effet, contrairement à ce que veut faire croire Aqmi, les gouvernements et les administrations de la zone semblent hors d’atteinte directe et grave, et seuls sont véritablement visés des intérêts occidentaux privés, toujours choisis avec soin ». Et l’article de conclure qu’ «avec le temps, la capacité emblématique d’Aqmi à présenter un djihad fantasmé va donc s’étioler et disparaître.[3] » Bravo l’analyse !
 
  • Il est vrai qu’ils sont bien aidés par la cupidité de nos dirigeants qui ont conduit à la situation d’aujourd’hui. Accepter la création d’un Mali du Nord après l’exemple du Soudan du Sud, c’est installer demain l’Afrique dans un état de guerres permanentes : chaque région un tant soit peu gâtée par la nature se sentira en droit de réclamer son indépendance pour jouir seule et/ou en complicité avec ses « partenaires » historiques occidentaux de ses richesses. Riches de leurs mines d’or, pourquoi Kayes et Sikasso n’exigeraient-elles pas leur sécession ? La Chine, l’Afrique du Sud, le Canada ou l’Australie se feront un plaisir de les soutenir dans leur demande, avec la complicité de la communauté internationale. Assumons le nouveau redécoupage de l’Afrique pour satisfaire les intérêts court termistes des puissants du moment, ceux de chez nous et d’ailleurs : l’Histoire n’est qu’un éternel recommencement, semble-t-il.
 
  • « Deuxième temps, les régimes discrédités du Sud entrent en jeu. Pour se refaire à bon compte une virginité, des chefs d’Etat à bout de souffle réclament « l’ingérence » de leurs alliés du Nord ». Ah cet Alassane Ouattara qui n’a pas hésité à instrumentaliser la CEDEAO pour nous placer sous embargo. Mais jusqu’à preuve du contraire, la CEDEAO a pour mission de «  «promouvoir la coopération et l'intégration dans la perspective d'une Union économique de l'Afrique de l'Ouest en vue d'élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d'accroître la stabilité économique, de renforcer les relations entre les Etats membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain ». Je ne vois pas de rôle politique dans ses prérogatives ni qu’elle soit le gendarme de l’Afrique de l’Ouest. Et Idriss DEBY qui a gagné le droit de mater son opposition en venant mater nos terroristes.  Ne parlons pas du Médiateur burkinabè et des casseroles qu’il traîne, le moindre n’étant pas l’assassinat de son frère d’armes, Sankara. On comprend qu’il ne veuille pas quitter le pouvoir… Il semblerait que les Burkinabès n’ont pas l’intention de se laisser faire cette fois.
 
  • « Dans une troisième phase, l’histoire s’accélère, les réunions internationales ad hoc se multiplient et la décision d’intervention devient légitime. La communauté internationale, acteur majeur encore que flou, donne son onction à la déclaration de guerre. Simple comparse, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas voix au chapitre. Ce fut vrai au Mali, ce fut le cas en Lybie.
 
  • Dans un quatrième rebondissement, la puissance occidentale intervient… par « un déploiement spectaculaire de force, de type « shock and awe » (choquer et impressionner) », du nom de l’intervention américaine en Irak en 2002.
 
  • Enfin, le spectacle doit s’achever par l’acte final, une conférence internationale organisée pour « aider » le pays meurtri. Les effets d’annonce sont amplifiés mais hélas, sans lendemain. C’est ainsi qu’au printemps 2013, il fut promis au Mali 3 milliards d’euros… De telles promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Et ils sont nombreux encore à y croire, pauvres d’eux ! Gardez vos sous et laissez-nous Kidal.
 

De Buisson à Puga, l’extrême-droite française aux commandes de notre destinée

Allons-nous confier notre sort au Général Benoît Puga, chef d’état–major particulier reconduit auprès de François Hollande, proche de l’extrême-droite, catholique ultra traditionnaliste et militaire colonialiste ?

Benoit Puga qui a « commencé à élaborer ses plans de débarquement au Mali dès l’automne 2012… au moment même où François Hollande tenait la première conférence de presse de son mandat en affirmant qu’il n’avait nulle intention d’intervenir militairement au Sahel. D’ailleurs, comment légitimer une intervention militaire française contre les islamistes locaux sans mandat des Nations-Unies ?
Premier mensonge, et de un !.

Début janvier 2013, le général Puga souffle au chef de l’Etat le moyen de rendre légal l’opération: il suffit, dit-il, que Dioncounda Traoré, le président malien d’alors, demande officiellement l’intervention de la France contre les islamistes sur son sol. Hollande est séduit. Traoré s’exécute. L’opération Serval peut débuter. Et qu’importe si Traoré a seulement fait allusion à une intervention aérienne. Pour Puga, il fallait de toute façon envoyer des troupes au sol. « Cela faisait partie des plans de l’intervention depuis déjà deux mois », assure un familier du dossier. »[4]


Nicolas Beau est encore plus précis : « Dans sa lettre, le président Traoré plaide pour une « intervention aérienne », susceptible d’apporter « un appui feu » et un « appui renseignement » aux troupes maliennes. Il n’est nulle part question de la moindre présence des troupes françaises au sol.[5] »
Et de deux !

A Jean-Yves Le Drian, Ministre va-t’en guerre breton de la Défense lui aussi reconduit !

En lisant cet article[6] de Mediapart, on serait tenté de croire que Le Drian veut reproduire, avec le MNLA, le modèle breton au Mali.
L’auteur de cet article, Françoise Morvan[7], nous apprend, que les Bretons qui manifestaient fin 2013 contre l’écotaxe et avaient comme mot d’ordre, « vivre, décider et travailler au pays », ont obtenu la « victoire sur toute la ligne : le gouvernement cède et les Bretons bénéficient d’un « pacte d’avenir » « rédigé en Bretagne par les Bretons pour les Bretons », comme l’a dit le premier ministre. Véritable prime à la casse, ce pacte est aussi un véritable affront à la solidarité, puisque des régions de France plus excentrées que la Bretagne et souvent plus atteintes par la crise économique, n’en ont pas bénéficié

Et si cette pseudo-révolte des Bonnets rouges avait été pain bénit pour les membres du gouvernement, comme Jean-Yves Le Drian, actuel ministre de la Défense, ancien président du conseil régional de Bretagne et désireux de faire de la Bretagne un « tigre celtique » sur le modèle de l’Irlande  ? Se servir des Bonnets rouges pour se servir de la Bretagne afin de mettre en œuvre le projet de décentralisation
… Je me contenterai donc de rappeler que la « révolte des Bonnets rouges » n’a jamais été une révolte identitaire opposant les bons Bretons opprimés au roi de France, à ses taxes et à ses abus. « Cette révolte, qui oppose les paysans bretons à leurs exploiteurs bretons, est avant tout sociale », écrivent ces historiens, dénonçant une « manipulation de l’histoire de la Bretagne » et une « escroquerie intellectuelle ». Ah lala, et l’Azawad, ce n’est pas une manipulation de l’Histoire ?

Le Mali n’est pas la France, la Bretagne n’est pas Kidal, les enjeux ne sont pas les mêmes.

Néanmoins, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets : l’absence de développement, le pillage et la mauvaise répartition des richesses sont les responsables de toutes ces crises qui génèrent tant de violence dans nos sociétés.

Un pouvoir central, qui de plus est kleptocrate chez nous, s’accapare les richesses et décide pour tous sans tenir compte des particularités régionales. Un pouvoir autiste qui refuse d’entendre la voix du peuple de gré, l’entendra de force. Sans oublier les multinationales qui se servent sans vergogne, sous couvert de pots de vin conséquents versés à nos vampires nationaux.

Séparatistes du Nord, nul besoin de prendre les armes pour vous faire entendre. Vous, les agitateurs du MNLA qui passez votre temps en France ou au Parlement Européen, prenez donc exemple sur vos amis Bretons et leur « bonnet rouge [8] » : enveloppez votre tête dans un turban bleu indigo et défilez sur vos chameaux dans Kidal pour réclamer plus d’autonomie. Cela correspondra plus au cliché romantique que se fait de vous la France, fera renaître le tourisme et créera des emplois. Aujourd’hui, on ne voit pas vraiment ce que vous apportez aux populations du Nord, en dehors de l’insécurité, de l’exil et des trafics en tous genres.
 
 
L’Etranger, le bouc émissaire et la théorie du complot

Mais revenons à nos moutons. Une société ou une communauté en crise va sacrifier une victime, le bouc émissaire, qui concentrera sur sa seule personne toute l’agressivité qui existe entre les membres du groupe, transformant le «tous contre tous» en un «tous contre un» et permettant ainsi au groupe de retrouver sa cohésion. Un parti politique qui se sent lésé, pour ne pas dire plus, par la nomination d’un Premier Ministre qui n’est pas issu de ses rangs, qui de plus, ose afficher sa différence, voire son indifférence et qui finira par quitter le groupe, désavouant ainsi la ligne du chef ?

Un Président éclaboussé par un scandale révélé par des journalistes qui font leur travail ? Crions au complot venu de l’étranger et s’il le faut, assimilons le membre « déviant » du groupe à l’étranger pour en faire un traître.
En nous liguant contre l’« Etranger », on oublie nos querelles intestines, nos rancœurs et nos haines, on détourne l’attention du vrai problème et on ressoude le groupe contre un danger créé de toutes pièces qui viendrait de l’extérieur! C’est vieux comme le monde mais ça marche !

Dans le contexte actuel, quel camouflet cette démission, mais aussi quelle aubaine pour détourner l’attention des vraies questions ! Que des journalistes sortent des informations à un moment plutôt qu’à un autre n’est pas le sujet. La question qui se pose doit concerner la véracité des informations.

Transformer une affaire privée en affaire d’Etat, appeler à l’union nationale pour défendre un simple citoyen d’alors aujourd’hui élu par ses pairs, dénoncer un complot venu de l’étranger, est un peu trop « convenu ».

Si le citoyen incriminé n’a rien à se reprocher, il ne saurait être vulnérable au chantage. Ce qui nous ennuie, c’est que pour étouffer une affaire personnelle et privée, il ne soit obligé d’accepter des compromissions qui engageraient notre pays dans une voie désastreuse…

Nous n’avons pas d’électricité, mais heureusement, nous disposons d’un projecteur à manivelle qui nous permet de revoir nos grands classiques sur écran grandeur nature !
Avec le film « L’Arnaque » (1974), nous assistons au hold-up de nos votes.
On nous a vendu le changement et on finit par se demander « Y a-t-il un pilote dans l’avion » (1980).
Si vous jouez à l’homme de l’air dans votre nouveau joujou de quelques milliards, c’est à NOUS que vous le devez : parce que NOUS vous avons élu et parce qu’il s’agit de NOTRE argent que vous dépensez pour votre petit confort et celui de votre Klan.
Il y a tromperie sur la marchandise: nous avions « Règlements de comptes à OK Kidal » à l’affiche et on nous propose un mauvais remake du «Parrain» (1971): remboursez, remboursez!!!! Si rien ne change, bientôt sur vos écrans : « Le chemin de la liberté » (1990).
 
 
Soif de pouvoir ? Non, faim de travail !

D’eux à vous, la classe politique a échoué à construire ce pays. Il est temps de donner aux citoyens les moyens de lutter eux-mêmes contre ce système maffieux qui ne profite qu’à vous, à votre famille et plus généralement aux incompétents et médiocres de ce pays qui vous sont associés.

Monsieur le nouveau Premier Ministre, nous en avons assez de subir la violence de fonctionnaires incompétents et corrompus, qui ne doivent leur place, pour la plupart, qu’à un clientélisme misérable.

Vous êtes aujourd’hui là où vous êtes parce que votre prédécesseur a voulu rendre plus transparent le processus de recrutement des cadres maliens.

Vous savez ce que le travail permet d’accomplir, vous savez l’importance des compétences humaines dans toute organisation. Vous savez que la compétence compose mieux avec l’intégrité.

Nous avons compris que le changement ne viendra jamais d’en haut et que nous devons le prendre en mains nous-mêmes. En tant que citoyens, nous devons avoir les moyens de dire NON à la maffia administrative sans recourir à la violence.

Un policier nous arrête et nous retire la carte grise de notre véhicule sans autre forme de procès ?
Quelle loi l’autorise à nous mettre en infraction ?
Où est-il écrit que nous devons assurer son « nan songo » et celui de ses supérieurs ?
Double paie pour lui et double peine pour nous ?
Oui bien sûr, car les grands voleurs nationaux ont droit à des courbettes et c’est le petit peuple qui paie la note.
Quelles sont les procédures qui définissent et régissent la fonction de policier ? Le sait-il lui-même ?

Les Maliens honnêtes, compétents et intelligents ont aussi le droit de vivre au Mali...
C'est un scandale de les obliger à aller construire des pays qui n'ont pas besoin d'eux, qui se sont construits sur l'exploitation des richesses de leur pays, mais aussi grâce au travail et au sacrifice de leur propre peuple.
Des pays où ils ne seront jamais que des « étrangers », une variable d’ajustement, nonobstant leur temps de présence.

Demandez donc à Christiane Taubira et à Cécile Kyenge.

Que fait le Ministère des Maliens de l’Etranger pour attirer les Maliens qui vivent à l’étranger, ou simplement recevoir ceux qui veulent rentrer ?

Ils sont nombreux à vouloir venir s’installer de leur propre gré et apporter leur expérience au pays, et pas seulement pour faire de la politique politicienne.
La vraie politique se fait dans la façon de vivre sa vie, jour après jour.

Maliens, ne perdez plus votre vie à fuir votre pays.
Ce pays est à vous et c’est à vous de le construire. En l’abandonnant aux médiocres et aux vautours étrangers, vous êtes aussi responsables de sa destruction.
Vos contributions diverses et variées rédigées à des milliers de kilomètres n’y changeront rien, c’est votre présence sur le terrain qui impulsera le changement.
Comment comprendre que vous preniez le risque de mourir pour un exil qui ressemble souvent à l’enfer, et que vous refusiez de vous battre pour vivre décemment chez vous ?
Comment comprendre que votre rêve soit d’intégrer des institutions internationales ou caritatives dont l’objectif n’est certainement pas de développer votre pays ?


Messieurs les politiciens, nous n’avons que faire de vos petites querelles mesquines de pouvoir, de l’ambition opportuniste des membres de vos familles, de vos égos malades, de vos ennuis judiciaires.
Réglez vos comptes, soignez-vous, envoyez-vous en l’air avec nos milliards pour vous donner l’illusion d’être mieux que le plus minable d’entre nous.

Mais n’oubliez pas qui vous a fait Président : vous n’êtes ni le roi Soleil ni Bokassa, ni Dieu, ni Maître. Il est temps de faire ce pour quoi vous avez été élu, non par Dieu mais par le peuple : occupez-vous de Kidal et assurez-vous que TOUS les Maliens aient droit au bonheur.

En résumé : travaillez et donnez-nous les moyens de travailler !
 
 
 
aidah.diagne@gmail.com
23/04/2014
 


[1] Papa Hollande au Mali. Chronique d’un fiasco annoncé – Nicolas BEAU, Balland, 2013.
 
[2] Directeur du programme régional au centre politique de sécurité de Genève, il a participé à l’ouvrage collectif « La guerre au Mali », sous la direction de Michel Galy, Paris, La Découverte, 2013.
 
[3] In « Papa Hollande au Mali », page 41
 
[4] http://www.bakchich.info/france/2014/02/03/benoit-puga-sous-le-casque-blanc-de-hollande-63074
 
[5] In « Papa Hollande au Mali », page 90
 
[6] http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/070314/les-bonnets-rouges-une-double-manipulation
 
[7] Françoise Morvan s’est consacrée, depuis la parution de son essai  « Le monde comme si, nationalisme et dérive identitaire en Bretagne » (Actes Sud, 2002, réédition Babel, 2005), à étudier les réseaux ethnistes et leur montée en puissance sous couvert de régionalisation.
 
[8] http://www.leparisien.fr/nantes-44000/manifestation-a-nantes-pour-la-reunification-de-la-bretagne-19-04-2014-3780833.php